Adoption des technologies de l’industrie 4.0 dans les Hauts-de-France

Les résultats de 200 enquêtes réalisés entre 2018 et 2020 sur des entreprises officiellement identifiées comme des entreprises qui développent des technologies de l’industrie 4.0 ont permis de suggérer des solutions de spécialisations technologiques ainsi que des préconisations aux décideurs régionaux. 

Notre étude démontre la pertinence d’une approche écosystémique pour le développement de l’Industrie 4.0 au niveau de la région et au niveau des entreprises. Une approche par écosystèmes d’innovation est particulièrement importante pour les PME et les startups en raison de leurs ressources financières limitées, particulièrement lorsqu’il s’agit d’acquérir des connaissances interdisciplinaires et intersectorielles ainsi que des compétences pour développer des solutions complexes liées au paradigme de l’Industrie 4.0. Ce travail fait un état des lieux de la situation régionale vis à vis de l’industrie du futur, en particulier en ce qui concerne les technologies de l’industrie du futur. Les résultats de 200 enquêtes sur des entreprises officiellement identifiées comme des entreprises qui développent des technologies de l’industrie 4.0 ont permis de suggérer des solutions de spécialisations technologiques ainsi que des préconisations aux décideurs régionaux.

Les résultats des entretiens soutiennent que le défi le plus fréquemment rencontré par les entreprises lors de leurs développements technologiques est le financement. La région pourrait permettre de faciliter le financement en incitant les investisseurs privés à investir dans les technologies de l’industrie 4.0 et en créant une structure régionale entièrement dédiée à l’industrie 4.0 (au sein de BPI par exemple).

La résistance au changement fut souvent mentionnée comme étant un défi important. Cette résistance est au cœur des problématiques de changement de paradigme.

A l’image de l’Alliance industrie du futur qui met en avant des entreprises via le label « vitrine industrie du futur » au niveau national, la région pourrait mettre en place des démonstrateurs Industrie 4.0 régionaux pour sensibiliser les entreprises. Des évènements industrie 4.0 permettraient de regrouper les acteurs déjà impliqués et d’attirer de nouvelles entreprises. De plus, des politiques incitatives permettraient de motiver les acteurs régionaux (entreprises, investisseurs, incubateurs, pôles d’excellence, pôles de compétitivité, etc.) à s’impliquer davantage dans ce nouveau paradigme. Le management est également un des défis principaux. La mise en place de nouvelles technologies peut provoquer des résistances chez les employés, spécialement quand certains postes sont supprimés et remplacés par d’autres. La région peut intervenir au niveau de la formation en proposant des formations au lean management pour aider les managers. La mise en place de formations techniques (diplômes techniques, diplômes d’ingénieur, masters professionnels ou en formation continue, etc.) spécialisées dans l’industrie 4.0 pourrait permettre de diminuer la charge managériale, assurant ainsi une main d’œuvre plus qualifiée. De plus, certaines entreprises ont signalé une réelle difficulté à trouver des développeurs informatiques, ce qui constitue une opportunité de spécialisation pour les domaines de formations technologiques régionaux. 

Etroitement lié au défi managérial, le défi technologique lié à la manque de compétences fut l’un des plus mentionnés. La mise en place de formations, le développement de compétences d’ingénierie, l’achat et le financement de plateformes technologiques et des démonstrateurs permettraient également à lever les freins technologiques rencontrés par les entreprises.

Le dernier défi majeur est celui de la communication. Une mauvaise communication peut être une source de problèmes internes aux entreprises et un frein au développement régional. La région peut encourager les dirigeants à communiquer sur leurs activités. Elle peut également mettre en place une communication interdépartementale pour renforcer l’organisme territorial. Une sensibilisation des entreprises sur les opportunités de développement pourrait aussi avoir un impact significatif. Enfin, il serait intéressant de répandre les réalités de l’industrie 4.0 (l’homme au cœur du système productif, les robots au service de l’homme et pas l’inverse) afin de freiner les discours pessimistes et d’accélérer l’évangélisation technologique.